Voici un exemple de notes prises pour un roman jamais écrit, dont le titre aurait été « En avant ». Le fichier Word date d’août 2010. Une part de "Notre vie dans les forêts" en est issue.
Exergues possibles :
If I had the time, I would run away with you (The Bangles).
« à la suite des chapeaux arrachés s’envoleraient les têtes arrachées, et encore plus haut, comme une feuille ayant perdu sa branche, la terre déviée de son orbite glisserait de soleils en soleils ». Sigismund Krzyzanowski, p. 118.
« il faut oublier un peu cette histoire d’avancer » (mon troisième psychanalyste).
Au point où j’en suis, commençons. Tant qu’il y a de la lumière. De l’huile dans la lampe. Où en étais-je ? Tenir mon journal. Faudrait encore savoir la date. Depuis le début je me dis : je devrais tenir mon journal. Mais vu tout ce qui s’est passé. J’ai pris du retard dès le début. D’abord j’étais trop occupée, ensuite j’avais déjà pris trop de retard, plus tard il n’y avait plus rien à dire. Me disais-je. Comment continuer ? Faudrait se mettre d’accord sur le début. Sur quand tout ça a commencé. Sûr qu’il devait y avoir des signes. Mais me tenir au courant, ça n’a jamais (disons que je m’en fichais). J’avais assez à faire toute la journée à écouter mes zozos. A essayer déjà, eux, de ne pas trop m’en ficher. Plus les enfants. Qui étaient petits. N’y pensons pas trop. Pas déjà. Il y a ça aussi. Pas tellement envie de refaire tout ce chemin. Mais que faire d’autre ? Mettre ça au clair. Ne pas penser à là, à maintenant. Qui est pire. A mon goût.
Bien bien.
Ça prend, ça vient.
Catastrophe globale
Addict à des sites porno avec capteurs ; fait ça entre les séances ; accidents avec le bouton stop
Evidemment son système pâtit des coupures électriques
Puis de la fuite
S’enfuient avec sa clone et toute sa famille. Traversée de la France (du pays) à pied ou comme ça peut
D’un ton fébrile
L’agacement monstrueux pour elle
La passion montante (remontante) pour lui
La France lentement
Puis l’Espagne ?
Le passage des cols basques
Ne voit pas que sa clone couche avec son mari
Puis qu’elle part avec son patient
Le frère mort donc la clone
Le caractère de la clone à définir soigneusement
Sublime forcément
Les deux enfants, fille puis garçon, lui tout petit, ses mots (deux ans)
Toujours « sous » quelque chose : éther (le temps)
A pour patient un certain Julien qui est toujours aux anges et bricole des trucs incompréhensibles de piratage de données ultrasensibles.
Tombe folle amoureuse
(l’occasion d’avoir une aventure autofictive avec Julien Assange).
Il a le goût des Suédoises, ça l’énerve.
Julien lui dit sur le divan des trucs ultrasecrets qui ont l’air paranoïaque : un rdv dans les collines au dessus de Los Angeles, un vaisseau qui doit décoller pour sauver l’humanité, une faille dans le temps.
Elle y croit total.
Son mari lui dit qu’elle a besoin de se reposer
Son mari est franc maçon. Elle, elle fait la passe façon Lacan. Les systèmes sont aussi délirants l’un que l’autre.
Pas plus que sa « clone », qui en fait n’est pas sa clone, ni même un effet de sa psychose éthéromane, mais elle-même légèrement en retard ou en avance (très difficile à déterminer) et donc un peu floue, pas collée à elle.
Se saoule au vin rouge pour faire faire les devoirs aux enfants
« du nerf ! » à ses patients. « En avant ! » « ça avance »
son superviseur lui dit que l’analyse n’a pas à voir avec « avancer »
plus de batterie aux portables ; plus d’essence ; le fil de l’allume cigare
un voyage dans le temps
le clone n’est pas un clone, mais elle, ectoplasmesque, cinq minutes avant ou cinq minutes après (ou bien longtemps).
S’achève sur le big one ? à Los Angeles ?