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Marie Darrieussecq

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2009 |

Le Musée de la mer

« Liz et Will se réfugient chez May et Man. Ils arrivent, avec leurs deux enfants, d’une ville assiégée, et ils n’ont plus d’essence. C’est la guerre. May et Man vivent près de la côte, ils essaient de maintenir leur Musée malgré les restrictions. Il leur reste quelques poissons, un poulpe et une « chose », Bella : un objet vivant non identifié, une bête marine à mi-chemin du lamantin et du revenant. Bella est belle et elle bêle, Bella est monstrueuse et pleure comme un bébé. May et Man, sur cette bande-son, essaient de rester neutres, à cultiver leur jardin malgré les milices locales. Mais les bombardements se rapprochent, et Will et Liz, et leurs enfants, apportent aussi la guerre.
Dit comme ça, on croirait une histoire : déroulée, lisible, compacte. Mais c’est une pièce de théâtre, faite pour être jouée, avec des bulles d’air dedans pour que s’y loge le metteur en scène. »

Editions POL

« Le Musée de la mer, titre prometteur de la première pièce de théâtre de Marie Darrieussecq, semble annoncer une visite virtuelle, guidée et portée par un souffle scientifique, et l’on se demandera s’il n’invite pas à une replongée, les yeux fermés, dans l’univers flou et fabuleux, aux forts embruns marins, de l’auteure de Précisions sur les vagues.  Un ‘musée de la mer’, à vrai dire, vous imaginez quoi, et qui, derrière ces mots, une ribambelle d’écoliers exubérants et des enseignants ou des parents fatigués à la traine? Vous entendez déjà un brouhaha ou flot de paroles, et sentez venir des flots de poissons, du mollusque visqueux dans l’air ? Des odeurs, sueurs, et des sensations de peur, un peu de déjà vu qui marche à fond la caisse (Damien Hirst va nous refaire le coup du grand méchant requin ?). Vous penseriez à endroit déserté, un musée légèrement vieillot, que vous n’avez pas fréquenté depuis une éternité, un étrange ou Natural History Museum étranger (bien aquatique et plein d’aqua,  avec labels en latin en prime), (...) voire, un improbable Musée du désert , pastiche et pseudo thriller surréalisant de Darrieussecq (...). Vous attendiez quoi, au fond, de cette allusion à un fond sous-marin, potentiellement bien ordonné avec bocaux acides et posters acidulés? Un autre ZOO ? Vous pensiez peut-être à une vieille histoire de ‘mal de mer’ darrieussecquienne, et de bonne ‘mauvaise mère’ de service, avec des hallucinations fantastiques et fantasmatiques, sur fond de White géant ? Avouez que vous aviez en tête des sables mouvants, et piégés du flot de l’inconscient, revisité sur fond de guerre des psys, avec un petit tour ‘chez les vivants', ou voyage avec les morts, autour et au-delà des îles de la terre, en plein ‘pays’ illimité, dans un cosmos et un cerveau irrigué par les rhizomes de Deleuze, ou au cœur instable du chaos-monde d’Edouard Glissant. Le Musée de la mer est un peu tout cela : des motifs (re)connus, et des innovations imprévisibles, tel un formidable ‘coup de pied/de dés’ dans le jeu des constructions narratives), et dans le château de sable des attentes et des codes littéraires. Ce ‘musée’ théâtral serait un lieu de conservation emblématique et de métamorphoses symptomatiques, hors du temps et de plein pied dans l’actualité, plein d’échos et de références tous azimuts, littéraires ou sociales, avec de claires allusions à une grande Guerre, quasi mythique, mais où la réalité aurait rejoint la fiction. »

Marie-Claire Barnet, Durham University

Univers

Adaptations

2009 |
PAR Arthur Nauzyciel

Adaptations

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www.mariedarrieussecq.com

Coupures

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Presse

24 mai 2009 | Le Monde

« Le conte d'Islande de Marie Darrieussecq

Quand il était enfant, Arthur Nauzyciel (42 ans) entendait ses grands-parents parler yiddish. Il les comprenait, même s'il n'aurait pas pu traduire ce qu'ils disaient. Devenu metteur en scène, il en a gardé le goût de travailler dans des langues étrangères.
Après les États-Unis, où il a mis en scène en 2008 un remarquable Julius Caesar, de Shakespeare, qui sera au programme du Festival d'automne en octobre, il a créé en mars au Théâtre national d'Islande de Reykjavik Le Musée de la mer, de Marie Darrieussecq.
Présentée du 26 au 31 mai au Centre dramatique national d'Orléans, dont Nauzyciel est le directeur, la pièce offre un beau générique : Sjon, le poète, romancier et parolier de Björk, signe la traduction ; Erna Omarsdottir, la danseuse et chorégraphe égérie de Jan Fabre, règle les mouvements, avec le Franco-Belge Damien Jalet ; Bardi Johannsson, le compositeur et interprète qui a enregistré Lady and Bird avec Keren Ann, est l'auteur de la musique.
En Islande, il y a peu de monde : 320 000 habitants. Chacun connaît son voisin, les artistes forment une petite communauté qui voyage beaucoup, et aime sentir le vent d'autres pays. La venue d'Arthur Nauzyciel leur a fait particulièrement plaisir. D'ordinaire, ils vont chercher du nouveau ailleurs.
Là, le nouveau est venu à eux, et il a frappé juste. Quand il a commandé une pièce à Marie Darrieussecq (qui avait traduit pour lui Ordet, de Kaj Munk, créé à Avignon en 2008), Arthur Nauzyciel a mis une condition : le texte devait avoir un lien avec l'Islande. Cela tombait bien pour Marie Darrieussecq ; l'auteur de Truismes et de White connaît l'île des elfes depuis longtemps.
Dans sa pièce, il n'y a pas d'elfes mais une étrange créature animale, Bella, qui chantonne et geint comme un humain. On ne sait comment elle a atterri dans le Musée de la mer tenu par un jeune couple. Ce musée attirait un nombreux public avant que n'éclate une guerre moderne, diffuse, sans ennemi repérable. Depuis, presque tous les poissons ont été mangés ou troqués, et le musée est à moitié détruit. La pièce commence avec l'arrivée d'un couple et leurs jumeaux de 12 ans. Ils cherchent refuge.
Le Musée de la mer est une pièce ouverte. C'est la première fois que Marie Darrieussecq écrit pour le théâtre. Plus qu'une histoire ou des personnages, elle dessine un état mental de la guerre, un présent sans avenir ni passé où chacun vit dans sa bulle, le monde autour n'étant qu'une bulle menaçante et dérisoire.
Arthur Nauzyciel donne à ce monde-là une tendresse troublée. Il inscrit Le Musée de la mer dans une aire de plastique mouvante et irisée qui ressemble à un ventre de l'inconscient où naissent et se développent des désirs, des rêves et des peurs sans âge. Les jumeaux restent longtemps attachés l'un à l'autre comme des siamois, le corps gluant de Bella claque sur le sol comme s'il développait un langage codé, l'islandais résonne à nos oreilles étrangères comme un chant rythmique venu de loin. On se croirait dans un conte.

Brigitte Salino

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