Voici un exemple de première page non aboutie : une première tentative de première page de ma biographie sur Paula Modersohn Becker. Je n’avais pas encore le titre. Je bataillais. Le fichier Word date du 18 avril 2013. J’ai tout repris à zéro, plusieurs fois, avant de trouver la « bonne » première phrase, la bonne première page, telle qu’elle est publiée dans Etre ici est une splendeur, vie de Paula M. Becker, en mars 2016…
« Paula M. Becker ne voulait pas d’enfants. Elle voulait peindre.
« Rodin était seul avant d’être célèbre ». C’est ainsi que Rilke commence la biographie qu’il consacre au sculpteur.
Rodin, Rilke. Bel attelage. J’aurais aimé commencer la biographie de Becker par une phrase en coup de tonnerre, une phrase tatatam, une phrase qui dit tout. Une phrase qui, aussi bien, ne veut rien dire du tout, mais que tout le livre va dérouler, développer, expliquer.
Mais Becker, personne ne sait qui c’est. Quand on déplie son nom : Paula Modersohn Becker, parfois, quelqu’un la connaît. Elle était seule et elle n’était pas célèbre. Pas si seule que ça, d’ailleurs. Très entourée, fiancée puis mariée, des parents, des amis. Et seule. Célèbre, elle a fini par le devenir en Allemagne, son pays natal. « La Picasso allemande est une femme », c’était le titre du Frankfurter all… Zeitung lors de sa première grande rétrospective, à .., en …
Paula M. Becker voulait peindre.
Mais la voici, regardez-la : elle est dans sa cuisine, en train de faire cuire un rôti de veau, c’est le lundi de Pâques 1902, et tout ce qu’elle veut, c’est peindre. »
